28
Un maître digne de ce nom

 

Combien de temps cela faisait-il, une heure, deux heures ?

Masoj faisait les cent pas entre les deux stalagmites juste à l’entrée du tunnel dans lequel Drizzt, puis Guenhwyvar, avaient pénétré.

— Le fauve devrait déjà être revenu ! grommela le sorcier qui s’impatientait.

Le soulagement l’envahit un instant plus tard à la vue de la grosse tête de la panthère à l’entrée du tunnel, juste derrière l’une des statues qui y montaient la garde. La fourrure autour de sa gueule dégouttait de sang.

— C’est fait ? demanda Masoj, qui avait peine à s’empêcher de pousser un cri de joie. Drizzt Do’Urden est mort ?

— Pas vraiment, s’entendit-il répondre.

Drizzt, malgré sa nature fondamentalement bonne, ne put s’empêcher d’éprouver un peu de plaisir à la vue de la terreur qui vint subitement rafraîchir les joues de Masoj, auparavant rougies par l’exultation.

— Qu’est-ce que cela signifie, Guenhwyvar ! s’exclama le sorcier. Obéis-moi, tue-le tout de suite !

La panthère lança un regard vide à Masoj et s’allongea aux pieds de Drizzt.

— Tu reconnais donc avoir voulu attenter à ma vie ? demanda le guerrier.

Le sorcier évalua la distance jusqu’à son adversaire : trois mètres. Il devrait pouvoir jeter un sort. Peut-être. Masoj avait déjà été témoin de la rapidité et de la précision des mouvements de Drizzt, et il ne tenait pas vraiment à prendre un tel risque s’il trouvait un autre moyen de se sortir de cette situation difficile. Le jeune guerrier n’avait pas encore dégainé ses armes redoutables, mais il gardait les mains tranquillement posées sur leur garde.

— Je comprends, poursuivit calmement Drizzt. La Maison Hun’ett et la Maison Do’Urden sont sur le point d’entrer en guerre.

— Comment le sais-tu ? lâcha Masoj sans réfléchir, trop abasourdi par ces paroles pour envisager que son interlocuteur soit en train de prêcher le faux pour savoir le vrai.

— J’en sais long mais cela ne m’intéresse guère ! répondit Drizzt. La Maison Hun’ett veut attaquer ma famille. Je n’ai aucune idée de la raison qui l’y pousse.

— Pour venger la Maison DeVir ! s’exclama une autre voix.

Alton, debout sur le flanc d’une stalagmite, regardait Drizzt de sa position en hauteur.

Masoj retrouva le sourire : l’avantage changeait vite de camp !

— La Maison Hun’ett n’attache aucune importance à la Maison DeVir, analysa Drizzt à qui cette intervention ne faisait pas perdre son calme. J’en sais assez sur notre peuple pour être sûr que le sort d’une Maison donnée n’en touche aucune autre.

— Mais cela me touche, moi ! cria Alton. (Il rabattit sa capuche en arrière et révéla son hideux visage ravagé par l’acide.) Je suis Alton DeVir, dernier survivant de la Maison DeVir ! La Maison Do’Urden va périr pour les crimes qu’elle a commis à l’égard de ma famille. Et je vais commencer par toi !

— Je n’étais même pas né quand cette bataille a débuté ! protesta Drizzt.

— Cela ne change rien ! Tu es un de ces sales Do’Urden, c’est tout ce qui compte !

Masoj jeta la figurine d’onyx par terre.

— Guenhwyvar, ordonna-t-il, va-t’en ! (Le fauve regarda Drizzt par-dessus son épaule ; le jeune drow approuva d’un hochement de tête.) Va-t’en ! répéta le sorcier en criant. Je suis ton maître, tu dois m’obéir !

— Tu n’es plus le maître de cet animal, annonça tranquillement Drizzt.

— Et qui donc, alors ? cracha Masoj. Toi, peut-être ?

— Guenhwyvar, et personne d’autre. Pour un sorcier, tu maîtrises étonnamment peu la magie que tu utilises.

Avec un grondement bas qu’on aurait pu prendre pour un rire moqueur, la panthère bondit jusqu’à la statuette et se dissipa en un néant brumeux.

Le fauve pénétra dans le tunnel interplans, en route pour sa tanière située dans le plan astral. Jusqu’à présent Guenhwyvar avait toujours été impatiente de retourner chez elle, d’échapper aux tâches ignobles que lui imposait son maître. Mais cette fois la panthère hésitait à chaque pas, regardait par-dessus son épaule le point noir qu’était Menzoberranzan.

— Veux-tu négocier ? proposa Drizzt.

— Tu n’as rien à proposer ! rétorqua Alton en riant.

Il sortit la fine baguette magique que Matrone SiNafay lui avait donnée. Masoj l’interrompit.

— Attends ! Peut-être Drizzt peut-il nous apporter un avantage dans notre combat contre la Maison Do’Urden. (Il regarda le jeune guerrier dans les yeux.) Que dirais-tu de trahir ta famille ?

— Pas question ! répliqua Drizzt d’un ton méprisant. Comme je t’ai déjà dit, ce conflit imminent m’indiffère. Que les Maisons Hun’ett et Do’Urden aillent au diable, comme elles y sont sans aucun doute destinées ! Mes préoccupations sont plus personnelles.

— Tu dois avoir quelque chose à nous proposer si tu veux négocier, raisonna Masoj. Sinon quel marché espères-tu conclure ?

— J’ai bien quelque chose à vous offrir, annonça calmement Drizzt. Vos vies !

Masoj et Alton échangèrent un regard et éclatèrent de rire, mais une légère nervosité pointait au milieu de leur joie ostensible.

— Donne-moi la figurine, Masoj, insista Drizzt sans se laisser intimider. Guenhwyvar ne t’a jamais appartenu et elle ne t’obéira plus. (Le rire du sorcier cessa.) En échange, poursuivit le guerrier sans laisser au mage le temps de réagir, je quitterai la Maison Do’Urden et ne participerai pas à sa guerre.

— Les cadavres ne peuvent pas combattre ! s’exclama Alton avec dédain.

— J’emmènerai un autre membre de la Maison Do’Urden avec moi ! cracha Drizzt dans sa direction. Un maître d’armes. La Maison Hun’ett aura sans doute un avantage non négligeable si à la fois Drizzt et Zaknafein…

— Silence ! hurla Masoj. Le fauve est à moi et je n’ai pas besoin d’un marché avec un pitoyable Do’Urden ! Tu es mort, pauvre crétin, et le maître d’armes de la Maison Do’Urden ne tardera pas à te suivre dans la tombe !

— Guenhwyvar est libre ! gronda Drizzt.

Les cimeterres jaillirent dans ses mains. Il n’avait jamais vraiment combattu contre un sorcier jusqu’à présent, sans parler de deux, mais il n’avait pas oublié la douleur que des sorts avaient pu lui causer lors d’autres confrontations. Masoj avait déjà entrepris d’en élaborer un, mais c’était surtout Alton qui l’inquiétait parce qu’il se trouvait plus loin et pointait sur lui sa baguette magique.

Avant que Drizzt ait pu choisir sa tactique, les événements décidèrent pour lui. Un nuage de brume engloutit Masoj, qui tomba en arrière, son sort dissipé par le choc.

Guenhwyvar était revenue !

Alton se trouvait hors de portée de Drizzt, qui ne pouvait espérer atteindre le sorcier avant que la baguette ait libéré sa puissance, mais, pour des muscles félins fuselés, la même distance n’était rien. Ses pattes postérieures prirent un appui solide et se détendirent, lançant la grande panthère dans les airs.

Le sorcier pointa à temps sa baguette sur son nouvel ennemi et envoya un éclair magique retentissant qui frappa Guenhwyvar à la poitrine. Mais il en aurait fallu davantage pour décourager l’animal féroce ! Étourdie mais toujours dans l’action, Guenhwyvar heurta le mage défiguré et le fit tomber de l’autre côté de la stalagmite.

La lumière de l’éclair avait aussi ébloui Drizzt, mais cela ne l’empêcha pas de se précipiter vers Masoj ; il ne pouvait qu’espérer que Guenhwyvar allait survivre. Il contourna la base de la stalagmite et se trouva nez à nez avec le sorcier le plus jeune qui avait repris la préparation de son sort. Drizzt, sans ralentir, baissa la tête et fonça sur son adversaire, cimeterres en avant.

Il passa à travers Masoj, à travers l’image projetée de Masoj !

Drizzt heurta violemment la stalagmite et roula sur le côté dans l’espoir d’échapper à l’assaut magique qu’il savait sur le point de se produire.

Cette fois Masoj, qui se trouvait bien dix mètres derrière l’image qui avait trompé Drizzt, ne prit pas le risque de mal viser : il lâcha une volée de projectiles d’énergie magique qui, adoptant des trajectoires courbes au besoin, se concentrèrent infailliblement sur le combattant malgré les efforts de ce dernier pour les éviter. Ils frappèrent Drizzt, le firent tressaillir, l’atteignirent sous la peau !

Mais le jeune combattant fut capable d’ignorer l’engourdissement douloureux qu’ils provoquaient et de se remettre debout. Il savait à présent où se tenait vraiment le sorcier et n’avait pas l’intention de laisser ce truqueur échapper encore à sa vue !

Une dague à la main, Masoj regardait Drizzt qui, étonné, s’approchait d’un pas raide : pourquoi le sorcier ne préparait-il pas un nouveau sort ?

Il s’était rouvert l’épaule en tombant, et les projectiles magiques lui avaient déchiré la peau sur le flanc et à la jambe. Mais ces blessures étaient superficielles et Masoj n’avait aucune chance contre lui lors d’un affrontement physique.

Pourtant le mage se tenait devant lui sans inquiétude, la dague sortie, un sourire vicieux sur le visage.

Alton, à plat ventre sur la pierre dure, sentait la chaleur de son sang qui coulait à flots entre ses deux yeux, ou plutôt les cratères sans paupières qu’ils étaient devenus. Guenhwyvar se trouvait plus haut sur la stalagmite, pas encore complètement remise de l’éclair magique qui l’avait frappée.

Le sorcier blessé se força à se redresser et leva sa baguette pour frapper une deuxième fois… mais il n’en avait plus qu’un morceau en main !

Frénétique, il en récupéra l’autre bout et le tint sous ses yeux, incrédule. La panthère se rapprochait de nouveau de lui, mais il n’y prit pas garde.

Les extrémités luisantes où s’amassait le pouvoir auparavant piégé dans le bois enchanté fascinaient Alton.

— Ce n’est pas possible ! chuchota-t-il sur un ton de protestation.

Guenhwyvar bondit au moment ou la baguette brisée explosait.

Une boule de feu rugit dans la nuit éternelle de Menzoberranzan. Des débris rocheux rebondirent sur le mur est de la caverne et sa haute voûte. Drizzt et Masoj furent tous deux jetés à terre !

— Maintenant, oui, Guenhwyvar n’appartient plus à personne ! ricana Masoj en jetant la figurine.

— Et plus aucun DeVir n’est là pour justifier une vengeance contre la Maison Do’Urden ! rétorqua Drizzt dans un grondement furieux pour tenter de tenir son désespoir à distance. (Il concentra sa fureur sur le rire moqueur de Masoj et il se rua furieusement sur lui. Mais, juste quand Drizzt allait l’atteindre, le sorcier claqua des doigts et disparut.) Invisible ! rugit Drizzt, taillant en vain de ses lames l’air devant lui.

L’effort physique calma le plus fort de sa rage et il se rendit compte que le sorcier ne se trouvait sans doute plus devant lui. Drizzt devait avoir l’air d’un bel idiot aux yeux de Masoj, un idiot vulnérable !

Il s’accroupit et écouta. Il crut entendre une psalmodie chuchotée très haut au-dessus de lui, sur le mur de la caverne.

Son instinct lui disait de plonger de côté, mais son expérience tout récemment acquise des tactiques de combat des sorciers lui indiquait que Masoj allait sans doute anticiper ce mouvement. Il feignit de se diriger vers la gauche et entendit l’incantation qui montait dans les aigus, ce qui annonçait la fin proche de l’élaboration du sort. Au moment où l’éclair magique frappait à côté de lui, Drizzt, indemne, se jeta en avant, espérant que le sorcier allait réapparaître et qu’il pourrait l’atteindre.

— Misérable ! s’écria Masoj qui avait vu la feinte juste après avoir raté son coup.

Sa fureur se mua subitement en terreur à la vue de Drizzt qui galopait sur le sol, bondissait au-dessus d’un tas de débris et gravissait plusieurs stalagmites avec la grâce d’un fauve en chasse.

Masoj cherchait frénétiquement dans ses poches les ingrédients nécessaires à son prochain sort ; il devait faire vite. Il se trouvait à plus de cinq mètres du sol de la caverne, perché sur une étroite plate-forme, mais Drizzt approchait vite, beaucoup trop vite !

Le guerrier ne remarquait pas le terrain qu’il foulait ; dans son état normal, le mur de la caverne lui aurait paru défier toute tentative d’escalade, mais maintenant il le voyait à peine ! Guenhwyvar était perdue. Morte !

Et ce maudit sorcier sur sa plate-forme, cette incarnation du mal le plus démoniaque, en était la cause ! Drizzt bondit sur la paroi, se rendit compte qu’il avait une main libre (il avait dû jeter son cimeterre à un moment) et trouva une prise incertaine. Cela n’aurait pas suffi à un drow doué de raison, mais l’esprit de Drizzt ignora tout simplement les protestations adressées par les muscles de ses doigts soumis à la torture ; il ne lui restait que trois mètres à faire.

Une autre volée de projectiles magiques le heurta, tous lui martelèrent le sommet du crâne.

— Combien te reste-t-il de sorts, grand mage ? s’entendit-il crier d’un ton de défi, toute douleur oubliée.

Le regard de Drizzt suffit à faire s’effondrer Masoj de terreur. Les yeux lavande du guerrier brûlaient d’une lueur qui promettait la mort au sorcier ! Masoj avait souvent vu combattre Drizzt, et ces images l’avaient hanté au cours de ses préparatifs d’assassinat.

Mais il ne l’avait encore jamais vu dans un tel état de rage, sinon il aurait obstinément refusé la mission de tuer Drizzt, il aurait répondu à Matrone SiNafay d’aller s’asseoir au sommet d’une stalagmite !

Quel sort lui restait-il, quel sort pouvait au moins ralentir le monstre que se révélait Drizzt Do’Urden ?

Une main que la chaleur de la colère rendait ardente dans l’infravision agrippa le rebord de la corniche. Masoj la piétina du talon de sa botte ! Il en brisa tous les doigts – il en était sûr ! – pourtant Drizzt (et c’était impossible) se trouva soudain devant lui et une lame de cimeterre s’enfonça entre ses côtes.

— Je t’ai cassé la main ! hoqueta le sorcier et ce furent ses dernières paroles.

Drizzt la regarda et remarqua la douleur pour la première fois.

— Peut-être, dit-il d’un ton neutre, mais elle guérira.

 

**

 

Drizzt alla récupérer en boitant son autre cimeterre et se fraya un chemin précautionneux au milieu des gravats d’une des stalagmites. Luttant contre la crainte qui envahissait son cœur anxieux, il se força à examiner le champ de ruines après l’explosion de la baguette : l’autre côté du tas de débris brillait étrangement à cause de la chaleur résiduelle ; toute la cité avait dû voir ça à son réveil !

Il ne pouvait plus espérer passer inaperçu.

Des fragments du corps d’Alton DeVir et de ses robes fumantes gisaient éparpillés au pied de la stalagmite.

— Es-tu en paix maintenant, Sans-Visage ? murmura Drizzt dans une dernière bouffée de colère. (Il se rappela cette attaque qu’Alton avait tentée contre lui si longtemps auparavant, à l’Académie. Le maître défiguré et Masoj avaient prétendu qu’il s’agissait d’une épreuve destinée à le former au combat !) Tu as porté si longtemps cette haine, ajouta-t-il à l’adresse des pitoyables débris de chair.

Mais Alton DeVir ne l’intéressait plus désormais. Il examina le reste des gravats, en quête d’un indice sur le sort de Guenhwyvar ; il ignorait les conséquences d’une pareille catastrophe sur une créature magique. Il ne restait rien du fauve, rien qui pourrait même laisser penser qu’il avait jamais existé.

Drizzt refoula son espoir, mais son pas alerte le trahissait, en dépit de la rigidité sévère de son visage. Il s’éloigna des débris et se précipita vers l’autre stalagmite, à l’endroit où Masoj et lui s’étaient trouvés lors de l’explosion de la baguette magique. Il vit tout de suite sur le sol la figurine d’onyx.

Il la ramassa délicatement ; elle était tiède, comme si elle aussi avait été prise dans l’explosion, et Drizzt ressentait un affaiblissement de sa magie. Il avait envie d’appeler tout de suite la panthère, mais il n’osa pas car le chemin que devait suivre Guenhwyvar d’un plan d’existence à l’autre la fatiguait beaucoup, il le savait. Si elle était blessée, sans doute valait-il mieux lui laisser le temps de récupérer !

— Oh, Guenhwyvar, gémit-il, mon amie, ma vaillante amie !

Il mit la statuette dans sa poche, espérant que la noble panthère avait survécu.

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